20 000 personnes opposent un refus au projet Northern Gateway au nom de la science. Le gouvernement fédéral en fera-t-il autant?

Le 26 mai dernier, 300 scientifiques à travers le Canada ont envoyé une lettre au premier ministre Harper pour l’exhorter à rejeter le rapport de la Commission d’examen conjoint recommandant l’autorisation du projet d’oléoduc Northern Gateway. Ce groupe de scientifiques a fait preuve de courage en adoptant une position aussi ferme. En effet, voyant approcher la date de la décision du gouvernement au sujet du projet Northern Gateway – véritable épée de Damoclès pendue au-dessus de notre tête à tous – les principaux auteurs de cette lettre ont décidé de prendre la parole et de dénoncer cinq grandes lacunes relevées dans l’évaluation de la Commission.   Le WWF-Canada a estimé que la voix de ces scientifiques devait être entendue, et non seulement des décideurs.

Humpback whale, Great Bear Rainforest, British Columbia, CanadaLa queue d’un rorqual à bosse (Megaptera novaeangliae) apparaissant près de l’île Gill dans la zone marine du Grand Ours, Colombie-Britannique © Andrew S. Wright / WWFCanada

Les citoyens du Canada sont visés au quotidien – à court et à long terme – par la décision qui sera annoncée sous peu, et qui pourrait se traduire par le passage d’oléoducs et de superpétroliers dans un écosystème ayant une extrême importance à l’échelle de la planète. Voilà pourquoi nous avons lancé la campagne #aunomdelascience le 3 juin dernier. Nous avons demandé à des gens à travers le Canada de faire écho aux préoccupations et inquiétudes exprimées par les scientifiques et, au moyen d’un immense effort collectif, d’envoyer un message clair et fort au gouvernement du Canada. En moins d’une semaine, 20 000 personnes avaient pris position, et leur action a rapidement fait le tour des médias sociaux, provoquant une réaction défensive de la part de la société proposant le projet d’oléoduc.
Voici la lettre que ces 20 000 personnes ont signée :

Monsieur le Premier Ministre,
Le 26 mai, des scientifiques de partout au Canada vous ont écrit pour vous exhorter à rejeter le Rapport de la Commission d’examen conjoint du projet d’oléoduc et de port pétrolier Northern Gateway d’Enbridge. Dans leur lettre, ils exposaient clairement, à partir de données probantes, les lacunes et erreurs importantes de cet examen.
Au nom de la science et de notre avenir à tous, je déclare que la seule réponse acceptable à la recommandation de la Commission d’examen conjoint et au projet d’oléoduc et de port pétrolier Northern Gateway est : « Non! »
Ce projet est une menace pour les gens et l’environnement. Il ne répond pas aux intérêts supérieurs du Canada et des Canadiens.

Cette lettre sera envoyée au premier ministre Harper aujourd’hui. Influencera-t-elle sa décision? Nous le souhaitons. Nous souhaitons que cette prise de parole citoyenne s’ajoute au vaste mouvement d’opposition de la population à l’égard de ce projet, qu’elle donnera du poids à la voix des Premières Nations et des communautés de la Colombie-Britannique dont la vie sera le plus directement touchée par cette décision. Il appartient maintenant au premier ministre de ce pays de décider d’écouter ou non la voix de ses concitoyens.

Bald eagle, Great Bear Rainforest, British Columbia, CanadaGros plan d’un pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) traversant l’aire de conservation de l’estuaire Negetl/Nekite, Colombie-Britannique, Canada © Tim Irvin / WWFCanada

Mais peu importe ce que le premier ministre décidera, il sait qu’il le fera à la face des dizaines de milliers de Canadiens qui se sont exprimés. À la face d’une population canadienne qui s’est informée et qui a suivi ce dossier de près. À la face des citoyens de son pays et à qui il devra rendre des comptes.
Permettez-moi de terminer en citant cette phrase de la lettre des scientifiques : « L’électorat canadien s’attendait à ce que le rapport de la CEC présentât un examen équilibré et raisonné des risques et avantages du Projet sur la foi des meilleures données probantes disponibles, et qu’il formulât une justification convaincante pour étayer sa décision finale. » C’est exactement ce que nous souhaitons voir dans la décision du gouvernement. Et la seule réponse possible est claire, c’est Non.