Un cadeau de début d’année pour la mer de Beaufort

Une importante société pétrolière a récemment annoncé qu’elle ne chercherait plus à contourner une prescription de sécurité, établie de longue date, concernant les forages dans l’Arctique. Voilà une bonne nouvelle pour la région. Le WWF-Canada ne compte rien tolérer qui puisse accroître les risques de désastre environnemental et social.

Un ours polaire (Ursus maritimus) nageant dans l'eau devant un iceberg, mer de Beaufort, océan Arctique, Alaska. © naturepl.com / Steven Kazlowski / WWF-Canon
Un ours polaire (Ursus maritimus) nageant dans l’eau devant un iceberg, mer de Beaufort, océan Arctique, Alaska. © naturepl.com / Steven Kazlowski / WWF-Canon

L’éruption d’un puits de pétrole dans la mer de Beaufort risquerait de contaminer des centaines de kilomètres d’océan arctique et de côte nordique. La nappe pourrait s’étaler sur les rivages de l’Alaska jusqu’au Nunavut, en passant par le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. Cela pourrait avoir un effet néfaste sur les baleines blanches et boréales, ainsi que les ours polaires et les oiseaux. L’impact sur les eiders ou les oies des neiges aurait une double conséquence : la contamination d’aires de reproduction à long terme, et la menace à un important moyen de subsistance des Inuvialuit du Grand Nord.
Le WWF-Canada a étudié les conséquences que pourraient avoir quatre types de déversement de pétrole dans la mer de Beaufort, et publié en ligne une carte interactive (en anglais seulement) afin de faire progresser les discussions sur l’équilibre entre la conservation et le développement dans l’Arctique canadien. À titre exemple, dans le cas d’une explosion en eaux peu profondes incluant le scénario d’intervention le plus probable, le pétrole pourrait s’écouler durant 30 jours et toucher les côtes entre Tuktoyaktuk (Territoires du Nord-Ouest) et Point Lay (Alaska), soit sur plus de 1000 kilomètres.

Éviter le pire
Depuis des années 1970, l’Office national de l’énergie (ONÉ) impose des règles visant à empêcher que se produisent les pires scénarios, comme l’éruption d’un puits de pétrole en plein hiver, à un moment où les conditions climatiques extrêmes rendent impossible la tâche de reprendre le contrôle du puits. Entre autres prescriptions imposées aux sociétés pétrolières, ces dernières doivent faire la preuve qu’elles sont capables de forer un second puits de secours durant la même saison qu’un puits principal. À la fin de 2014, alors que ces exigences leur sont imposées depuis près de trois décennies, deux sociétés pétrolières ont demandé à l’organisme national de réglementation la permission de proposer des solutions de rechange à ces règles de sécurité.
Le WWF-Canada travaille de concert avec l’organisation Ecojustice (en anglais seulement) pour veiller à ce que la protection cruciale qu’assure la réglementation actuelle ne soit pas affaiblie par les pétrolières. Si les forages pétroliers dans l’Arctique ne peuvent se faire sans marge de sécurité raisonnable, ils ne devraient pas se faire du tout.
La décision qu’a prise une importante société pétrolière, en décembre dernier, de se retirer du processus de soumission de projet à l’ONÉ élimine une des menaces immédiates de substitution de méthodes éprouvées de protection de la mer de Beaufort par des technologies qui n’ont encore jamais fait leurs preuves. C’est une bonne nouvelle, mais ce n’est qu’un début et nous poursuivrons cette année nos efforts visant à maintenir et améliorer la protection qu’offre actuellement la réglementation en place.