Sur la piste des narvals : voici PJ

En août dernier, Jacqueline Nunes du WWF-Canada s’est jointe à l’équipe de chercheurs en expédition à l’île Ellesmere pour étudier le narval, la « licorne des mers ». Suivez-la dans son expédition tout au long de la Semaine de l’ours polaire.
En visionnant cette vidéo, vous comprendrez mieux qui est PJ.

Ici, l’eau est à environ 0 degré Celsius. Celle de l’air est encore beaucoup plus froide. Mais PJ, un Inuk de 26 ans originaire d’Iqaluit qui vit maintenant à Grise Fiord, n’a pas froid aux yeux, c’est évident! Il n’avait jamais fait ça auparavant et il a décidé de nous faire sa propre démonstration de la « saucette polaire » après avoir vérifié que tout le monde l’observait et le filmait (pour avoir une preuve de son exploit). Il a piloté le Zodiac au milieu de la baie, s’est déshabillé en ne gardant que son maillot de bain… et il a plongé!
N’est-il pas formidable?
PJ est l’un des quatre guides inuits de notre équipe de pistage des narvals. Quand le WWF est à l’œuvre dans l’Arctique, nous embauchons des habitants de l’endroit pour nous guider et travailler à nos côtés : ils connaissent bien l’environnement local et nous aident énormément à mener nos recherches sans anicroche. C’est là qu’ils vivent et nous devons le respecter. Et puis, nous apprenons sans doute davantage de ces gens qu’eux-mêmes reçoivent de nous. C’est du moins mon cas.
PJ m’a souvent tenu compagnie quand j’étais de garde à l’affût des narvals. Il m’a parlé de sa famille, de son mignon petit garçon d’un an, Lennon, à Resolute où il devait retourner après notre expédition. Il m’a raconté ses jeunes années dans l’Arctique, ses escalades des falaises entourant Grise Fiord avec ses amis. Et il a fait étalage de ses talents de pêcheur en capturant ce qu’il appelle un « poisson laid ».

PJ a pêché un « poisson laid », une sorte de chabot, et il se demandait si celui-ci se transformerait en belle princesse s’il l’embrassait. À sa grande déception, le poisson est resté affreux… © Jacqueline Nunes / WWF-Canada
PJ a pêché un « poisson laid », une sorte de chabot, et il se demandait si celui-ci se transformerait en belle princesse s’il l’embrassait. À sa grande déception, le poisson est resté affreux…
© Jacqueline Nunes / WWF-Canada

PJ m’a aussi parlé de son enfance au sein de la pauvreté et de l’alcoolisme, et de son amour pour son milieu, l’Arctique. Quand je lui ai parlé, il y a quelques semaines, il m’a dit : « Je crois qu’il fait près de moins 37 °C. Il fait noir longtemps, mais le jour commence à revenir. Il fait de plus en plus clair à midi. »
Son espèce arctique préférée est l’ours polaire, à cause de sa façon de chasser : « C’est extraordinaire de les voir attraper des phoques quand on arrive à peine à en chasser, même armé d’un fusil, m’a-t-il expliqué. Les phoques sont tellement rapides! Et les ours polaires les attrapent à “mains” nues, sans aucun outil. »
Quand il chasse le phoque, PJ adore monter la garde au bord d’un trou de phoque, dans l’obscurité de la nuit polaire, pour entendre les bulles d’air qui crèvent à la surface juste avant que le phoque émerge. « C’est à ce moment-là que l’adrénaline me fouette », raconte PJ. Il m’a dit qu’il est déjà resté trois heures – son record personnel – immobile au bord d’un trou dans la banquise, par un froid glacial et dans l’obscurité totale, à guetter l’arrivée d’un phoque, en vain…
Son aliment favori? Quand il capture un phoque, PJ l’ouvre immédiatement et mange son foie cru et encore chaud, comme le veut la tradition inuk. Je lui ai demandé ce que ça goûtait (sûrement pas le poulet!), mais il n’arrivait pas à le décrire : « Je ne peux comparer ça à rien d’autre », m’a-t-il dit.
Je pourrais dire la même chose de ma découverte de l’Arctique en compagnie de PJ comme guide : ça ne se compare à rien d’autre.
Notre travail dans l’Arctique dépend de votre soutien. Doublez votre impact en faisant un don lors de la Semaine de l’ours polaire grâce à un généreux donateur qui égalera votre don dollar pour dollar jusqu’à concurrence de 130 000 $.
Pour en savoir plus sur le travail du WWF dans l’Arctique, consultez le wwf.ca/semainepolaire.