Ma première rencontre avec un ours polaire à Churchill

J’étais déjà allé dans le Grand Nord, j’avais déjà fait du canot dans les froides eaux arctiques, j’avais déjà vu des animaux de bien des espèces, mais jusqu’à l’automne dernier je n’avais encore jamais rencontré d’ours polaires.
Cela s’est passé à Churchill, au Manitoba – la capitale mondiale de l’ours blanc – où je m’étais rendu avec un groupe d’experts et de sympathisants du WWF-Canada. Ce voyage s’est révélé une expérience incroyable et inoubliable, l’occasion de vivre en quelque sorte le zoo à l’envers, comme l’a si bien dit notre chauffeur et guide à travers la toundra. C’est au cours de promenades à bord d’un véhicule conçu spécialement pour l’observation que nous avons vu des ourses s’occupant de leurs oursons, de jeunes mâles jouant à se battre pendant des heures, et des ours solitaires arpentant la grève dans l’attente des glaces.

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David Miller en compagnie d’employés et d’experts du WWF-Canada, à Churchill (Manitoba). © Jessica Finn / WWF

Des images fortes évoquant le caractère à la fois grandiose et fragile de la nature. De fait, l’ours polaire est un animal imposant, doté de pattes massives aux pieds de la taille d’une grande assiette, et d’une mâchoire capable de tuer un phoque d’un coup de dents. Nous avons vu des oursons nés aux environs du Nouvel An qui étaient déjà bien développés, et même un couple de jeunes jumeaux bien portants. Néanmoins, selon les experts, plusieurs ours étaient trop maigres, s’établissant à « 2 » sur l’échelle qu’utilisent les scientifiques pour déterminer la cote de chair – disons tout de suite qu’un « 5 » désigne l’animal le plus robuste. Parmi les animaux jugés trop maigres figurait la mère des jumeaux, dont les omoplates saillantes révélaient la sous-alimentation. L’année 2014 n’a pourtant pas été une si mauvaise année en termes de couverture de glace dans l’Arctique, mais il y avait trop longtemps que cette femelle avait quitté la banquise, et elle avait deux oursons à nourrir.
Ces ours font partie de la sous-population de la zone ouest de la baie d’Hudson, qui délimite au sud l’aire de répartition de l’ours polaire, et c’est la zone la plus durement touchée par le réchauffement planétaire. Il s’agit également de la sous-population la plus étudiée, car la plus accessible aux scientifiques, et elle agit comme indicateur – l’un des meilleurs, en fait – des conséquences du réchauffement de l’Arctique sur les ours polaires occupant l’ensemble de ce vaste territoire. Ce fut donc particulièrement troublant d’observer en direct l’ampleur de l’impact du réchauffement sur ces ours. Et malgré tout, j’ai puisé de l’encouragement dans ce rappel de l’importance du travail que nous menons au WWF-Canada, de la raison de notre engagement et de notre persévérance. Car il est indispensable de documenter l’impact du réchauffement planétaire sur les populations d’ours polaires et sur leur habitat afin de les protéger efficacement et de leur assurer un avenir.

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Deux ours polaires en plein combat © Steph Morgan / WWF

Ce voyage en a troublé, et inspiré, plus d’un. Parmi mes compagnons de voyage, je pense aux trois ingénieurs en chef de la compagnie Canada Steamship Lines, qui ont pris conscience du sens réel et de la valeur des efforts qu’ils déploient pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de leurs navires. « Je n’avais pas la fibre environnementale très forte avant de venir ici, m’a dit l’un deux, mais ce voyage a totalement changé ma perspective. »

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Pour en savoir plus sur le travail du WWF dans l’Arctique, consultez le wwf.ca/semainepolaire.