La contraction record de la banquise arctique inquiète

L’étendue de la banquise qui recouvre l’océan Arctique est mesurée tout au long de l’année et chaque hiver, elle atteint généralement son maximum de superficie, tandis qu’elle est à son minimum à la fin de l’été. Le National Snow and Ice Data Centre (NSIDC), l’organisme de surveillance des glaces arctiques de l’Université de Boulder, au Colorado, a calculé que l’étendue maximale de la banquise cette année était de 14,54 millions de kilomètres carrés le 15 février, soit 1,6 % de moins que le précédent seuil record de 2011, et 6 % de moins que la moyenne à long terme de 1981-2010.

Un motoneigiste traverse la banquise au large de l’île de Baffin, au Nunavut, Canada.
© Staffan Widstrand/WWF
Un motoneigiste traverse la banquise au large de l’île de Baffin, au Nunavut, Canada.
© Staffan Widstrand/WWF

On attribue ce rétrécissement rapide de la banquise aux étés humides, aux hivers rigoureux et aux phénomènes météorologiques extrêmes qu’a connus l’hémisphère Nord ces dernières années, et tout cela est lié aux changements climatiques. L’Arctique est en grande partie chez nous, et en tant que Canadiens, nous ne pouvons rester insensibles à la fonte de la banquise. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) continue de militer pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la protection d’habitats vitaux. Si nous abandonnons nos efforts, notre climat va se détériorer encore davantage, devenant imprévisible et méconnaissable, mettant encore plus d’habitats, d’espèces et d’humains en danger.
Des scientifiques prédisent qu’un été arctique sans banquise pourrait survenir dès 2040. Il se peut toutefois qu’une mince frange de glace subsiste autour des îles du Haut Arctique canadien et, dans une moins grande proportion, au nord du Groenland. C’est ce que nous appelons le Dernier refuge de glace.
La banquise est un élément vital de l’écosystème complexe de l’Arctique : des algues unicellulaires et zooplanctons microscopiques aux espèces emblématiques comme l’ours polaire, le caribou, le béluga et le narval, ils ont tous besoin de la banquise pour survivre. Selon les observations, la perte de ces habitats de glace a déjà des conséquences négatives sur les populations animales et les communautés qui en dépendent.
Afin de protéger la fabuleuse chaîne de vie tributaire de la banquise arctique, nous œuvrons auprès des organisations de gouvernance, leur fournissant des données pour éclairer leurs décisions et mettant au point des stratégies de gestion prudente de cette région qui deviendra le Dernier refuge de glace. Le gouvernement du Canada, de concert avec celui du Nunavut et l’Association Inuit Qikiqtani, travaillent actuellement à l’établissement d’une aire marine nationale de conservation dans le détroit de Lancaster, à l’entrée orientale du passage du Nord-Ouest. C’est un pas important dans la bonne direction.
Le WWF-Canada estime que ce Dernier refuge de glace sera crucial pour la survie des espèces qui dépendent de la banquise, permettant peut-être à celles-ci d’échapper aux pires effets des changements climatiques.