Le WWF-Canada salue la décision de la CNER concernant le projet de mine d’uranium à Kiggavik

La Commission du Nunavut chargée de l’examen des répercussions (CNER) a pris la bonne décision en disant non à un projet de mine d’uranium à Kiggavik qui n’a aucune date de début prévue.
Le 8 mai, la CNER a affirmé qu’en raison de l’incapacité de l’entreprise désirant exploiter la mine, AREVA Resources Canada Inc., à fournir une date définitive pour le lancement ou encore un échéancier de développement du projet, il était impossible de mener une analyse précise des impacts sur le plan environnemental et social du projet.

Un komatik, traîneau traditionnel inuit, sur la plage de Baker Lake, Nunavut, Canada © Monte Hummel / WWF-Canada
Un komatik, traîneau traditionnel inuit, sur la plage de Baker Lake, Nunavut, Canada © Monte Hummel / WWF-Canada

Selon les membres de la CNER, de nombreuses questions demeurent en suspens en ce qui concerne les effets du projet sur le bien-être actuel et futur des résidents et des communautés du Nunavut, qui doit être protégé et amélioré par les projets de développement.
La décision de la CNER nous rassure, encore une fois, que le processus réglementaire suit son cours et fonctionne comme il se doit. Cette décision est la bonne lorsqu’on considère l’ensemble des facteurs. La CNER envoie le bon signal en refusant de “préapprouver” des projets qui n’ont aucun échéancier.
La CNER a déterminé que la préapprobation du projet fragiliserait la portée et la confiance que l’on doit accorder aux analyses quant aux impacts sur les écosystèmes et socioéconomiques futurs d’un tel projet. De plus, l’absence de preuve scientifique nuit aux intérêts économiques, sociaux et culturels à long terme des Inuits et des Nunavummiuts.
On note un manque de données scientifiques quant à la santé des hardes de caribous dans la région du Kivalliq, ou encore à propos des populations de poissons et d’espèces marines sauvages d’importance pour les communautés du Nunavut.
Une chose est certaine : la mine de Kiggavik ouvrirait la porte à d’autres projets de développement minier dans la région. L’une des principales inquiétudes des principaux intervenants, dont l’Association des chasseurs et trappeurs de Baker Lake, touche l’impact du développement généré par la mine. La région de Kiggavik est encerclée par d’autres programmes d’exploration pour l’uranium. Si le projet de Kiggavik va de l’avant, il pourrait constituer l’amorce de la création d’un pôle économique minier dans la région de Baker Lake, ce qui provoquerait le développement d’un large réseau d’infrastructures et de zones réservées pour les résidus miniers et d’amas de stériles radioactifs à travers la toundra.
Comme cela a été soulevé, ce type de projet engendrerait un stress élevé pour les hardes de caribou qui vivent dans la région durant l’été. Le Conseil de la faune de Kivalliq s’est aussi opposé au projet. Rappelons que le gouvernement du Nunavut a déclaré un moratoire sur la chasse au caribou sur l’île de Baffin, qui se situe à proximité, en janvier 2015.
Il est impartial d’adopter une approche de précaution et de considérer le manque de certitudes scientifiques à propos des impacts sur le caribou et d’autres espèces fauniques. La région est utilisée par la harde Qamanirjuaq et est aussi un habitat important pour le bœuf musqué, le grizzly de la toundra, le carcajou, le loup et d’autres espèces terrestres.
La recommandation de la CNER a été transmise au ministre des Affaires indiennes et du Développement du Nord, Bernard Valcourt qui pourra soit accepter le rapport et demander à la CNER d’examiner les conditions qui doivent être attachées à une approbation, ou le rejeter sous prétexte que le projet est dans l’intérêt national ou régional.

Toutefois, ceci n’écarte pas la possibilité qu’une mine d’uranium s’établisse dans la région. AREVA a affirmé vouloir développer Kiggavik seulement après une amélioration des conditions du marché.

Le WWF-Canada appuie la CNER et affirme qu’avant tout développement, des mesures doivent être prises pour gérer les effets cumulatifs. Par exemple, nous devons impérativement acquérir une base scientifique beaucoup plus solide, qui nous permettra de faire un suivi sérieux de l’exploitation de l’uranium et de ses effets multigénérationnels.