Lac Érié : l’Ontario, l’Ohio et le Michigan signent une entente sur la qualité de l’eau

par Rebecca Dolson, spécialiste des politiques, Eau douce, WWF-Canada

L’Ontario et les États américains de l’Ohio et du Michigan ont conclu une entente visant à réduire la quantité de phosphore déversé dans le bassin ouest du lac Érié de l’ordre de 40 %. Le phosphore est un nutriment important présent naturellement dans l’eau, mais qui peut provoquer l’éclosion d’algues nocives lorsqu’il est présent en trop grandes concentrations. Ces algues sont susceptibles de détériorer la qualité de l’eau et la santé des écosystèmes, et par conséquent avoir un impact sur la pêche, le tourisme ainsi que sur la valeur foncière des propriétés riveraines. Le Conseil des gouverneurs des Grands Lacs s’est réuni les 12 et 13 juin derniers à Québec, où l’atteinte de cette entente a été annoncée au public.

La pire éclosion d’algues qu’a connue le lac Érié depuis des décennies. Des filaments d’un vert vif s’étendent depuis la rive nord du lac. © Jesse Allen and Robert Simmon (NASA Earth Observatory)
La pire éclosion d’algues qu’a connue le lac Érié depuis des décennies. Des filaments d’un vert vif s’étendent depuis la rive nord du lac. © Jesse Allen and Robert Simmon (NASA Earth Observatory)

La province et les deux États concernés se sont entendus pour réduire la quantité totale de phosphore et de phosphore réactif dissous entrant dans le bassin ouest du lac Érié par 40 % d’ici 2025, cible assortie d’un objectif intermédiaire de 20 % d’ici 2020. Les progrès qui seront enregistrés vers l’atteinte de ces cibles seront mesurés par rapport aux niveaux de référence de 2008. Avec cette entente, le gouvernement ontarien espère que l’eau du lac Érié redeviendra potable et qu’on pourra de nouveau y nager et y pêcher – des buts qui sont à la base de la Stratégie ontarienne pour les Grands Lacs. L’entente tripartite indique aussi que les parties prenantes développeront des plans d’intervention afin d’atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés.
La qualité décroissante de l’eau du lac Érié a fait les manchettes dans le monde, la dernière fois en 2011 lorsque la plus grande éclosion d’algues jamais enregistrée a eu lieu – elle couvrait plus de 5000 kilomètres carrés à la surface du lac. En février 2014, la Commission mixte internationale (CMI) a publié un rapport qui indiquait les cibles à atteindre en matière de pollution au phosphore, ainsi que les principaux responsables des déversements dans le bassin versant du lac. Dans ce rapport, la CMI a découvert qu’au cours de la dernière décennie, les concentrations de phosphore réactif dissous (une portion du phosphore total aisément assimilable par les algues) ont augmenté dans le lac Érié. Contrairement aux années 1970 où nous avions aussi de graves problèmes de qualité de l’eau, dans ce cas-ci le phosphore s’infiltre dans le lac Érié depuis des sources diffuses, telles que le ruissellement des eaux usées issues d’exploitations agricoles ou des égouts. Cela rend le problème plus complexe.
Afin d’atteindre l’objectif ambitieux que constitue une réduction de 40 % de l’écoulement de phosphore, l’Ontario aura besoin d’adopter de nouvelles pratiques d’aménagement et de gestion des terres, tant rurales qu’urbaines. Le gouvernement devra aussi investir dans la recherche et le suivi du dossier, afin que les niveaux de phosphore soient mesurés tout au long du processus. Le WWF-Canada est impatient de voir le fin détail de cette stratégie de réduction, et salue la volonté du gouvernement de l’Ontario d’aller de l’avant dans ce dossier pour protéger et restaurer le lac Érié.
Cette nouvelle entente sera un prolongement des objectifs de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs entre les États-Unis et le Canada de 2012 (ARQEGL). L’annexe 4 de l’ARQEGL exige d’Environnement Canada et de l’Agence de protection environnementale des États-Unis (EPA) qu’ils développent des objectifs pour les concentrations du phosphore dans le lac Érié d’ici février 2016. L’Accord engage aussi les agences fédérales à développer des stratégies de réduction et des plans d’action nationaux d’ici 2018.
Le WWF-Canada désire voir toute l’eau douce du Canada en bonne condition écologique d’ici 2025, et continue à travailler à mesurer l’état de santé de l’eau dans les bassins versants du pays. Récemment, nous avons évalué l’état de santé des rivières et des ruisseaux qui coulent dans les Grands Lacs, soit à travers le bassin versant des Grands Lacs. Bientôt, nous pourrons partager le fruit de ces travaux avec vous. Restez à l’écoute!