Bassins versants : rencontrez CURA H2O

L’eau est un enjeu de proximité. C’est ce que l’on boit et là où on joue. C’est ce qui fait pousser notre nourriture et qui soutient notre industrie touristique. Quand la santé de nos bassins versants est menacée par les changements climatiques ou le développement industriel, les riverains sont souvent en première ligne pour exiger de meilleures protections pour les milieux naturels. Sarah Weston, coordinatrice de l’organisme CURA H2O d’Halifax, travaille à développer des solutions ancrées dans la communauté pour s’attaquer aux problèmes des bassins versants du Canada atlantique. Nous l’avons rencontrée pour discuter avec elle de la santé des bassins sur la côte Est, et de ce qu’elle pense du nouveau site web lancé par le WWF-Canada, rapportsbassinsversants.wwf.ca

© Oliver Woods
© Oliver Woods

Parle-nous du travail que vous faites à CURA H2O.
Il existe des organismes communautaires de bassins versants à travers les provinces atlantiques, et à travers le pays, qui travaillent à améliorer la santé de leurs eaux. Ils doivent faire face à des lacunes sur le plan de l’information, tout en tentant de s’attaquer à des problèmes qui sont de plus en plus complexes.
CURA H2O est un projet collaboratif qui unit partenaires communautaires, gouvernements, Premières Nations et universités, et qui coordonne le suivi de la qualité de l’eau à travers la région. CURA H2O fournit de l’équipement, de la formation ainsi que l’accès à une base de données centralisée, qui permettent une gestion plus efficace des bassins versants. Le réseautage régional contribue aussi à réunir les acteurs qui travaillent sur le même problème (le ruissellement agricole, par exemple), alors que l’appui que nous offrons à la recherche contribue à renforcer les capacités de réagir à de nouveaux enjeux, tels que la fracturation.
Pourquoi le suivi est-il si important?
C’est crucial de savoir quels sont les enjeux et les menaces qui sont présents dans chaque région. Cela nous aide à développer des solutions à long terme, qui peuvent inclure des changements à la réglementation ou au comportement des acteurs.
Ces menaces varient d’une région à l’autre. Dans certains secteurs, c’est l’agriculture et le ruissellement des eaux usées. Dans d’autres, ce sont les activités minières, l’aquaculture, l’élevage du vison, les pluies acides ou le développement urbain.
Faire le suivi des menaces nous permet d’en observer les fluctuations dans le temps. Prenons le ruissellement d’eaux usées agricoles, par exemple. Des riverains constateront l’émergence de changements et de problèmes, alors la communauté commencera à faire un suivi de la qualité de l’eau et d’autres variables, ce qui produira certains changements réglementaires en réaction au problème. Le suivi est essentiel pour faire en sorte que les problèmes sont identifiés, et qu’on puisse développer des solutions.

© Oliver Woods
© Oliver Woods

As-tu un bon exemple par rapport à un groupe avec lequel vous travaillez dans les Maritimes?
La Bluenose Coastal Action Foundation est un organisme de bassin versant à Lunenberg, en Nouvelle-Écosse. Ces membres font le suivi de plusieurs choses mais, dans un projet en particulier, ont examiné la contamination par matières fécales provenant de propriétés sans fosse septique – qui rejettent donc les eaux usées directement dans les cours d’eau. Le groupe travaille de manière proactive avec les propriétaires, en faisant de la sensibilisation et en les incitant à installer des fosses septiques ou un réseau permettant d’en partager une.
Le groupe utilise les données issues du suivi de la qualité de l’eau afin de créer des mesures incitatives et d’enregistrer la manière dont les choses évoluent. Personne ne considère qu’il y a un problème tant et aussi longtemps qu’on ne le mesure pas et qu’on ne démontre pas ce qui se passe.
Selon toi, pourquoi est-ce si important de travailler sur les enjeux entourant l’eau?
L’abondance et la qualité de l’eau, ce ne sont pas seulement des questions environnementales ou de santé. C’est aussi un enjeu de justice sociale. Par exemple, l’état de l’eau potable dans les communautés autochtones à travers le pays est atroce. Les Premières Nations ont besoin du soutien de tous les acteurs pour récupérer l’accès à de l’eau potable sécuritaire. La santé des communautés et l’accès aux ressources naturelles constituent des droits humains fondamentaux, et sont essentiels au bien-être des Canadiens. Ils ne doivent pas être basés sur la richesse ou sur les structures sociales ou culturelles.
C’est très encourageant de travailler avec des gens qui croient passionnément que l’eau et l’action communautaire pour la préserver sont importantes. Nous sommes inspirés par nos partenaires, comme les bénévoles et les pêcheurs engagés, qui travaillent à protéger les espèces et à créer des communautés durables.
CURA H2O est un des lauréats du Fonds Loblaw pour l’eau, qui travaille sur le terrain pour partager le savoir sur l’eau et travailler à la protection des bassins versants. Nous évoquons leur travail dans le cadre du lancement de rapportsbassinsversants.wwf.ca – un nouvel outil en ligne vous permettant de trouver votre bassin versant, en apprendre davantage sur son état de santé et mieux comprendre les menaces qui pèsent sur lui. Pour en découvrir toutes les fonctionnalités, vous pouvez écouter notre « Google Hangout » (en anglais), et tous les petits secrets de ce site vous seront révélés!

Vous voulez en savoir plus sur la santé et les menaces de votre bassin versant? Visitez rapportsbassinsversants.wwf.ca, et consultez notre infographie Bassins versants 101 pour connaître la façon dont le WWF évalue l’état de l’eau douce au Canada.