Un panda parmi les requins : l’épopée de Tonya

Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours voulu être une biologiste de la vie marine et étudier les baleines. Pour moi, les cétacés étaient les créatures les plus fascinantes sur la planète, une espèce avec laquelle aucune autre ne pourrait jamais rivaliser.
Et puis, à travers mon travail pour le WWF visant à réduire les prises accessoires d’animaux marins menacés par les pêcheries commerciales du Canada, j’ai eu la chance de plonger – au sens propre comme au sens figuré! – dans le monde captivant des requins!

Ce groupe de poissons incroyables – il existe plus de 400 espèces sur la planète – sillonne les océans depuis des centaines de millions d’années et, comme les baleines, ils ont été tourmentés par les êtres humains depuis des siècles. Alors que l’époque de la chasse à la baleine est – presque – révolue, la perception voulant que les requins soient des prédateurs sanguinaires, combinée à la demande croissante pour leurs ailerons, fait en sorte que la prise de requins a augmenté significativement au cours des dernières décennies. En conséquence de cela, plusieurs populations de requins à travers le monde sont au bord de l’extinction.
Ce qui constitue un grave problème…pour nous, les êtres humains.
La grande diversité de requins dans le monde joue un rôle crucial dans le maintien d’océans en santé. Que ce soit les roussettes – de petits requins se nourrissant au fond de l’eau – et les requins-pèlerins, qui assurent le cycle des nutriments océaniques, ou encore les grands prédateurs que sont les requins blancs ou les requins du Groenland, tous jouent un rôle important dans leur écosystème. Le déclin des populations de requins entraîne des problèmes pour les océans. L’affaiblissement de ces espèces peut déstabiliser les écosystèmes marins ce qui, parce qu’ils sont connectés à tout le reste, a des répercussions pour tout le monde, partout.

Un requin-renard (Alopias vulpinus) fatalement emmêlé dans un filet de pêche au Mexique. © Brian J. Skerry / National Geographic Stock / WWF
Un requin-renard (Alopias vulpinus) fatalement emmêlé dans un filet de pêche au Mexique. © Brian J. Skerry / National Geographic Stock / WWF

Au Canada, la plus importante menace qui pesait sur les requins était la capture directe mais, plus récemment et probablement de manière encore plus considérable, ce sont les prises accessoires par les pêcheries commerciales qui constituent le plus grand problème. Voilà pourquoi le WWF se concentre sur ce phénomène, avec l’appui de plusieurs autres acteurs concernés : l’industrie de la pêche, les chercheurs et les gouvernements. Ce faisant, nous comprenons mieux la nature des menaces, nous développons des solutions innovatrices pour les contrer et nous nous assurons que des politiques de protection de l’espèce – et de gestion durable des pêches – sont implantées.
Heureusement pour moi, en plus d’encourager les acteurs à développer de meilleures pratiques, je profite aussi d’opportunités de travailler avec les requins…autrement. En mai dernier au large de l’Afrique du Sud, j’ai eu la chance de rencontrer, face à face, de grands requins blancs! Faire de la plongée sous-marine, protégée par une cage de métal, avec des animaux parmi – supposément – les plus redoutables de la planète, a été l’une des expériences les plus extraordinaires et surréalistes de ma vie. Je n’y ai pas rencontré de « monstre » (je n’ai jamais eu ce préjugé, en passant), mais bien des animaux paisibles et majestueux. Cela m’a fait réaliser que, comme pour les baleines, je ne pourrais pas imaginer notre monde sans eux.
Les requins habitent notre planète si longtemps. Ils ont survécu à plusieurs espèces, incluant les dinosaures. Serons-nous responsables de leur disparition? Pas si j’ai mon mot à dire là-dessus.

Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) © Wildlife Pictures / Jêrome Mallefet / WWF-Canon
Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) © Wildlife Pictures / Jêrome Mallefet / WWF-Canon