Protéger la côte nord de la Colombie-Britannique

Le Canada, qui possède un cinquième des réserves mondiales d’eau douce, est un véritable trésor de rivières, de lacs et de milieux humides. Ces richesses en eau, qui supportent la survie et la prospérité d’une multitude de communautés et d’espèces, constituent un patrimoine qu’il revient aux Canadiens de chérir et de protéger. Dans le contexte de ce que les scientifiques appellent la sixième grande extinction, ce sont les espèces d’eau douce qui subissent le déclin le plus rapide. Il est donc impératif que le Canada intensifie ses efforts afin d’améliorer la santé de l’eau et des bassins versants du pays, au profit des gens et des espèces.
Pour un exemple éloquent de la valeur de notre eau et de son état de santé, nous n’avons qu’à jeter un coup d’œil vers le bassin versant de la rivière Skeena, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique.

Vue aérienne de la rivière Skeena, Colombie-Britannique, Canada. © WWF-Canada / Chad Graham
Vue aérienne de la rivière Skeena, Colombie-Britannique, Canada. © WWF-Canada / Chad Graham

En grandissant à Terrace, en Colombie-Britannique – qui se situe dans ce bassin versant – j’ai pris bien des choses pour acquises. Je ne comprenais pas que ce ne sont pas tous les adolescents qui ont la chance de croiser le chemin de grizzlis, d’ours noirs, d’orignaux et de chèvres de montagne, dans le cadre de simples week-ends en famille ou avec des amis. Cela m’a pris un certain temps avant de réaliser que les habitats côtiers de la Colombie-Britannique sont uniques, parmi les rares endroits dans le monde où le développement industriel n’en a pas encore affaibli les fonctions écologiques.
Le caractère sauvage de cette région est indéniable. Il suffit d’avoir la chance de pouvoir observer un ours Kermode (aussi appelé ours esprit) pour s’en convaincre. Cependant, l’endroit n’est pas totalement vierge. Cet écosystème riche supporte une économie diversifiée, qui inclut la pêche et le tourisme. Ces activités économiques durables ont été développées en gardant à l’esprit les limites naturelles de l’écosystème. À ce titre, elles se démarquent et font de cette région un endroit où une prospérité alternative est possible.

Ours Kermode, aussi appelé ours esprit (Ursus americanus Kermodei) se nourrissant d’un saumon, Princess Royal Island, Colombie-Britannique, Canada. © naturepl.com / Eric Baccega / WWF
Ours Kermode, aussi appelé ours esprit (Ursus americanus Kermodei) se nourrissant d’un saumon, Princess Royal Island, Colombie-Britannique, Canada. © naturepl.com / Eric Baccega / WWF

L’entente sur la zone marine du Grand Ours, tout comme le récent partenariat de planification marine, constitue un exemple de gestion écosystémique qui garantit que les opportunités de croissance économique ne compromettent pas la santé écologique d’une région. Ces deux accords en particulier illustrent les grandes avancées qui ont été faites afin de faire de la côte nord de la Colombie-Britannique un lieu où le développement économique durable vise d’abord et avant tout à célébrer ses richesses écologiques et culturelles.
Malheureusement, au contraire des secteurs marins et côtiers de la région, le bassin versant de la rivière Skeena n’est pas doté d’un plan global de gestion. Un tel outil permettrait de maintenir et de protéger les richesses écologiques et culturelles de l’ensemble du bassin versant.
Le mois dernier, le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) a lancé un programme pan-canadien d’évaluation des bassins versants. Comme nous nous y attendions, celui de la rivière Skeena a terminé au sommet de notre palmarès de l’état de santé des bassins. Toutefois, l’évaluation a aussi révélé que la rivière Skeena subit un stress de niveau moyen, essentiellement en raison de la fragmentation de ses ruisseaux par le passage de routes et de pipelines. L’évaluation des effets cumulatifs du WWF-Canada, qui est quant à elle plus détaillée, commence aussi à indiquer des pressions croissantes venues du développement des secteurs pétrolier et gazier, par exemple. Bref, dans le contexte où le bassin versant de la rivière Skeena est considéré en très bonne condition écologique, la question est la suivante : Que pouvons-nous faire pour que ça reste comme ça?
En fonction de toute l’information que nous avons en main, et d’autres analyses qui continuent à nous parvenir, le WWF-Canada se positionne en faveur de la protection de l’estuaire de la rivière Skeena, incluant la région de Flora Banks – la plus grande zosteraie de tout l’estuaire. Nous espérons que les valeurs évoquées dans les plans de gestion marine – soit la protection des richesses écologiques et culturelles – se refléteront dans celles qui guideront le développement dans le bassin versant de la Skeena. Tout comme dans les secteurs marins de la région du Grand Ours, le WWF-Canada veillera à ce que ces valeurs s’incarnent dans la gestion de l’écosystème du bassin versant de la rivière Skeena.
Nous souhaitons que l’émerveillement et le sens des responsabilités qui nous gagnent lorsqu’on observe un majestueux ours esprit capturer un saumon frétillant puissent également conquérir les générations futures.
Appuyez le travail de conservation du WWF-Canada sur la côte nord de la Colombie-Britannique, au profit des gens et des espèces. Devenez un donateur mensuel dès aujourd’hui et recevez en cadeau une trousse d’adoption symbolique de l’ours Kermode (la trousse en français est en construction).