Arctique : C’est chaud!

Ce que l’été le plus chaud jamais enregistré signifie pour la nature et pour les négociations internationales sur le climat
Cette semaine, nous avons appris que l’été 2015 est le plus chaud jamais enregistré, et que la banquise d’été dans l’Arctique est, au mieux, la quatrième plus petite jamais mesurée. Voilà donc d’autres preuves confirmant l’effet des changements climatiques sur l’état de notre planète. Toutefois, nous aimerions aller un peu plus loin et montrer comment ces variations des températures et des couverts de glace se répercutent sur les espèces, les gens et les écosystèmes.
Les tendances provoquées par les changements climatiques affectent profondément l’océan Arctique. En août dernier, des morses du Pacifique se sont échoués par milliers sur les côtes de la Russie et de l’Alaska. Plus près de nous, dans l’Arctique canadien, nous pouvons observer de plus en plus d’épaulards – qui profitent des eaux libres de glace pendant la saison estivale pour remonter plus au nord.

La banquise se morcelle dans le détroit de Nares, près de l'île Ellesmere, Nunavut, Canada. © Lee NARRAWAY - WWF-Canada
La banquise se morcelle dans le détroit de Nares, près de l’île Ellesmere, Nunavut, Canada. © Lee NARRAWAY – WWF-Canada

Habituellement, les épaulards ne visitent pas les eaux où la glace est abondante puisqu’ils ne sont pas très bien adaptés à de telles conditions. Un couvert de glace peu abondant facilite l’accès des épaulards à cette région. Le WWF-Canada étudie l’effet sur l’ensemble de l’écosystème de la présence croissante des épaulards, mais une chose est déjà claire; les écosystèmes et les habitats des espèces subissent des changements relativement rapides en raison de la hausse des températures.
Les gens et les communautés doivent aussi faire face à des défis importants provoqués par le retrait de la banquise. Par exemple, l’un des impacts les plus visibles est celui des ours polaires affamés, qui font parfois littéralement les poubelles dans les communautés nordiques. Ces ours doivent se nourrir ainsi en attendant que la banquise se reforme – toujours un peu plus tard – en automne, et qu’ils puissent retourner chasser. Le mois de septembre est, de plus en plus, le théâtre de conflits entre les humains et les ours. En conséquence, des communautés ont dû créer de nouveaux outils afin de repousser les ours et protéger leurs habitants.

Des épaulards (Orcinus orca) faisant surface à Prince William Sound, Alaska, États-Unis. © Scott Dickerson - WWF-US
Des épaulards (Orcinus orca) faisant surface à Prince William Sound, Alaska, États-Unis. © Scott Dickerson – WWF-US

Voilà donc deux changements directs, parmi une myriade d’autres, découlant des changements climatiques. Mais il n’y a pas seulement l’Arctique qui se réchauffe, la hausse des températures frappe l’ensemble de la planète. Le rapport Planète vivante 2014 du WWF a montré que nous avons perdu, en 40 ans, 52 % de la biodiversité mondiale. Les changements climatiques constituent la plus importante cause de ce déclin. En regard d’un tel effondrement de la biodiversité et de telles perturbations de l’écosystème, il est pratiquement impossible d’exagérer la menace posée par les changements climatiques.
Nous affirmons qu’il est temps de dire « Assez, c’est assez ». Nous devons faire le compte des impacts que nous constatons, réfléchir aux conséquences à venir, et décider d’agir contre les changements climatiques maintenant. Les Canadiens doivent s’inspirer de ce que font d’autres pays, qui mènent la charge dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes à la traîne. Nos décideurs doivent implanter de nouvelles politiques dès maintenant, et préparer sérieusement les négociations sur le climat des Nations Unies qui auront lieu à Paris, en décembre.
S’ils ne le font pas, ces décideurs échoueront à protéger non seulement l’Arctique, mais toute la planète.