Une seule visite dans ce paradis arctique éveille la passion des étudiants.

Le détroit de Lancaster est un trésor éloigné dans le Grand Nord canadien, à proximité des îles de Baffin et Devon et du mythique passage du Nord-Ouest. Peu de gens s’aventurent aussi loin, mais quand ils le font, s’éveille en eux le désir de protéger cet unique écosystème. Voilà ce qui est arrivé à 42 étudiants autochtones provenant des communautés nordiques du Canada et 70 étudiants de partout dans le monde qui se sont aventurés dans le détroit avec Students on Ice, groupe qui organise des expéditions éducatives pour les jeunes dans les régions polaires.

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Jeune étudiant du voyage Students on Ice dans le détroit de Lancaster. © Jessica Park / WWF-Canada

Maintenant, tout le monde peut visiter le détroit de Lancaster grâce au tout nouveau site interactif du WWF-Canada.
Reconnu mondialement pour sa biodiversité diversifiée et son abondante vie marine, Talluruptiup Tariunga, nom donné par les Inuits, est sujet à de forts courants et marées qui fournissent un apport constant en éléments nutritifs à la surface, alimentant ainsi de nombreuses espèces de la mer, de la terre et des airs. Les ours polaires, les narvals, les bélugas, les baleines boréales, les morses, les phoques et les oiseaux de mer trouvent tous refuge ici. Tôt en été, cette région fait office de corridor migratoire pour les mammifères marins qui entrent dans ses eaux par l’est et se dirigent vers les aires d’alimentation et d’allaitement à l’ouest.  L’importance du détroit de Lancaster repose aussi sur le fait qu’il constitue une source d’alimentation pour les communautés avoisinantes, dont Pond Inlet et Arctic Bay.
Sur le nouveau site Internet interactif du WWF-Canada, vous pouvez regarder des vidéos, jouez avec les cartes pour comprendre comment les espèces et communautés occupent la région et découvrir l’histoire de la campagne qui dure depuis plusieurs décennies pour la protection et la désignation du détroit comme Aire marine nationale de conservation afin de protéger la nature et la région toute entière pour les générations à venir.

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Labbe pomarin, Détroit de Lancaster, NU. © Jessica Park / WWF-Canada

Le soutien à la désignation s’accroît avec la visibilité offerte à cette région rarement visitée et aux trésors qu’elle offre. Jessica Park, gestionnaire au programme Arctique du WWF-Canada, s’est joint à l’expédition Students on Ice et a demandé aux adolescents ce qu’ils pensaient de la protection du détroit.
«  Notre nourriture vit dans l’eau, affirme Parr Etidloie, 16 ans, de Cape Dorset au Nunavut. Beaucoup de choses peuvent arriver, pas seulement aux ours polaires, aux narvals et aux poissons, mais à nous aussi, parce que nous les mangeons. J’aimerais que la future génération soit capable de goûter la nourriture que nous mangeons aujourd’hui. »
Lyric Oblin Moses, 17 ans, de Gatineau au Québec est d’accord avec Parr. « Ce n’est pas seulement important de protéger le détroit pour les espèces qui y habitent, mais aussi pour les gens qui les chassent et les pêchent. »

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Détroit de Lancaster, Nunavut. © Jessica Park / WWF-Canada

Au début des années 70, une proposition de forage de puit pétrolier exploratoire en plein milieu du détroit Lancaster a rencontré une vive opposition et a provoqué la mise sur pied d’une série d’enquêtes du gouvernement fédéral. Désigner cette zone comme AMP la protégerait des déversements dans l’océan, de la surpêche et de l’exploration minière et énergétique sous-marine. Mais en ce moment, cette région incroyablement riche en biodiversité demeure non protégée.
Entre-temps, la région a commencé à percevoir les effets des changements climatiques. Les communautés et les espèces doivent s’adapter à une fonte des glaces beaucoup plus rapide et au développement qui s’ensuit considérant un Arctique libre de glace. Tout juste en dehors de la frontière de l’AMP, des permis d’exploration pétrolière accordés au début des années 1970 sont toujours considérés valides, malgré les lois et règlements stipulant qu’ils auraient dû expirer en 1979. Des navires transportant du minerai de fer provenant d’une mine située à proximité ajoutent à l’augmentation du trafic dans cet environnement marin vulnérable.
Le WWF s’inquiète de ce qu’un développement additionnel pourrait faire à cet environnement fragile et rigoureux, ainsi qu’aux gens et à la nature qui en dépendent pour survivre.
Les étudiants qui ont participé au voyage dans le détroit de Lancaster considèrent aussi que ces menaces sont inquiétantes. Myca Nakashook, 18 ans, de Pangnirtung au Nunavut, s’inquiète des impacts d’un éventuel déversement de pétrole. « L’océan serait totalement recouvert de pétrole et les animaux aussi. De les voir souffrir nous ferait souffrir aussi », dit-elle.

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Pond Inlet, Nunavut. © Jessica Park / WWF-Canada

Désigner le détroit de Lancaster comme AMP n’arrêterait pas forcément le transport maritime ou tout nouveau développement, mais interdirait l’exploration pétrolière et gazière et assurerait un meilleur équilibre dans la région. « Beaucoup de gens pensent que les environnementalistes veulent protéger l’environnement et qu’ils ne se préoccupent pas du développement économique. Ce n’est pas vrai! La durabilité signifie équilibrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux de notre société en ne compromettant pas les besoins des générations futures, assure Alice Xu, 16 ans, de Richmond en Colombie-Britannique.
Rachel Boere, 21 ans, de Toronto en Ontario est d’accord avec Alice : « Créer une aire marine protégée ne ferme pas les portes… ça les ouvre à une conservation infinie et à la protection de ce lieu unique et inspirant! »
Explorez le détroit avec nous dès maintenant et découvrez ce que ces étudiants veulent ardemment protéger.