Voici pourquoi les océans canadiens ont besoin d’une protection significative

Les océans couvrent 70 % de la surface de la planète et produisent plus de la moitié de l’oxygène qui soutient toute vie sur Terre, mais ils souffrent, selon le rapport Planète vivante 2016 publié aujourd’hui.

Northern right whale mother & calf (Eubalaena glacialis) off the Atlantic coast of Florida.
Baleine franche et son petit (Eubalaena glacialis). © Brian J. Skerry / National Geographic Stock / WWF

L’indice du rapport Planète vivante révèle un déclin global de 36 % des espèces marines entre 1970 et 2012, et il identifie la surexploitation comme étant la principale menace pour les espèces marines, suivie de près par la perte d’habitat et les changements climatiques. Près d’un tiers (31 %) des stocks de poissons dans le monde sont pêchés à des niveaux qui ne sont pas durables, une augmentation depuis le dernier rapport Planète vivante de 2014.

Atlantic cod (Gadus morhua) © Erling Svensen / WWF
Morue de l’Atlantique (Gadus morhua) © Erling Svensen / WWF

Cette dégradation de l’habitat menace aussi les vies humaines et les moyens de subsistance, à la fois mondialement et plus proche de nous. Le Canada a déjà pu constater le type de déclin d’espèces et d’effondrement des pêches décrit dans le rapport. À la fin des années 1980, les stocks de morues autour de Terre-Neuve ont chuté en raison de la surpêche récurrente et des conditions environnementales changeantes et, même à la suite d’un moratoire déclaré en 1992, plusieurs craignaient que cette espèce eût été poussée au bord de l’extinction.


Visitez le portail Rapport Planète vivante 2016 pour une couverture complète incluant :


Les mammifères marins, tels que la baleine franche de l’Atlantique Nord, sont menacés par les collisions avec les bateaux et les enchevêtrements dans les filets de pêche. Les bélugas sont menacés par la pollution chimique et sonore ainsi que par la perte d’habitat. Et toutes les espèces au pays ressentiront les effets des changements climatiques, qui évoluent à un rythme si rapide qu’il ne permet pas aux espèces de s’adapter.
Il est facile de se concentrer sur ces grands et impressionnants mammifères marins, mais ces animaux ont besoin d’une énorme quantité de petits poissons pour s’alimenter. Les poissons-proies, de petits poissons comme le hareng et le capelan, doivent être abondants pour soutenir les plus gros, jusqu’en haut de la chaine alimentaire. Les poissons-proies sont vulnérables face aux changements climatiques et à la surpêche; au moins trois stocks de poissons-proies canadiens sont considérés dans un état critique. Et ça pourrait être pire, mais nous ne le savons tout simplement pas. C’est ce que révèle une récente étude du WWF-Canada sur l’état des poissons-proies au Canada.

Pacific herring (Clupea pallasii) swim in a large ball for safety in numbers in the Strait of Georgia, British Columbia, Canada. © National Geographic Stock /Paul Nicklen / WWF-Canada
Hareng du Pacifique (Clupea pallasii) nageant dans le détroit de Georgia, Colombie-Britannique, Canada. © National Geographic Stock /Paul Nicklen / WWF-Canada

La première étape permettant de freiner la perte de biodiversité dans nos océans serait de développer un réseau d’aires marines protégées qui protègent la vie marine et ses habitats, leur fournissant un refuge pour leur permettre de se remettre des effets néfastes des activités humaines comme la pollution ou la surpêche, tel que le fait un parc national sur le continent.
En ce moment, le Canada ne protège que 1 % de la superficie de ses océans et Grands Lacs, bien que le gouvernement libéral se soit engagé à augmenter cette portion à 10 % d’ici 2020. Étendre les aires protégées et inclure des normes minimales significatives qui excluraient l’exploration pétrolière et gazière, ainsi que la pêche commerciale, pourrait faire une énorme différence pour les espèces et les habitats, et possiblement renverser certains des déclins de biodiversité constatés dans nos océans.
Le rapport Planète vivante 2016 déclenche l’alarme, mais nous sommes responsables de répondre ou non à l’appel. Ayant le plus long littoral au monde et une vie marine abondante dans ses trois océans, le Canada devrait être un leader en matière de protection marine. La santé de l’océan peut se rétablir. Il est maintenant temps d’apporter des changements cruciaux.