Championnes de l’adaptation : nos espèces urbaines sont à découvrir!

Si nos espèces urbaines sont souvent mal-aimées, voire même craintes – en raison de leur appréciation particulière pour nos sacs de poubelles, nos bulbes de tulipes et nos corniches – plusieurs d’entre elles n’en demeurent pas moins de fascinants exemples d’intelligence animale. Dans un environnement de plus en plus urbanisé, où leurs habitats subissent l’impact des activités humaines et se rétrécissent comme peau de chagrin, les espèces qui réussissent aussi bien à survivre en milieu urbain doivent démontrer de très grandes capacités d’adaptation. Découvrez quatre espèces qui vous réservent encore probablement des surprises!

 

Écureuil gris (Sciurus carolinensis) sur une mangeoire pour oiseaux. © Global Warming Images / WWF

L’écureuil

Originaire de l’Amérique de Nord, l’écureuil est un petit rongeur bien de chez nous, qui a été introduit en Grande-Bretagne, en Italie et en Afrique du Sud. Si sa jolie queue touffue fait le bonheur de touristes et des enfants les mains pleines de cacahuètes, cette espèce est souvent perçue à peine plus favorablement que la vermine par plusieurs résidents… Mais l’écureuil est d’une grande utilité pour la nature urbaine! Il contribue à disperser des semences en cachant ses graines, ce qui permet à la flore urbaine de proliférer aléatoirement un peu partout dans nos espaces verts et moins verts, aidant ainsi la biodiversité urbaine.

Pigeons (Columbia livia) dans les rues pavées de la ville. CC, Creative Commons

Le pigeon

Cet oiseau, observable dans la plupart des grandes villes nord-américaines à la sortie des métros, en agglomération près des poubelles publiques et des bancs de parc, surprend par son intelligence. Il a longtemps été utilisé par les humains pour porter des messages sur de grandes distances. Sous son ancien rôle plus noble de pigeon voyageur, cette espèce a contribué à transmettre les résultats des premiers Jeux olympiques et de certains messages en temps de guerre. Le pigeon possède une formidable capacité à retrouver son chemin – et ce même à des milliers de kilomètres, sans trop savoir d’où il part. Son formidable sens de l’orientation comporte encore de nombreux secrets, mais les experts pensent que le pigeon s’oriente grâce au soleil, au champ magnétique terrestre et même à des « cartes olfactives » qu’il développe à partir des odeurs de sa région!

Raton laveur dans une cour arrière montréalaise. © Marc Sardi / WWF

Le raton laveur

S’ils ne sont pas perçus de la même façon dans toutes les villes, les ratons laveurs ont une intelligence particulièrement développée. Cette espèce résolument très urbaine est reconnue à sa capacité de résolution de problèmes, bien souvent de façon surprenante. Un test de quotient intellectuel a été pratiqué sur plusieurs espèces, les incitant à laisser tomber des roches dans un cylindre pour faire monter le niveau de l’eau et ainsi accéder à une récompense. Ce test a permis de découvrir que si certains ratons préfèrent simplement s’attaquer au contenant jusqu’à ce qu’il tombe – qui n’a jamais entendu de GUÉ-GLING de poubelles en pleine nuit – plusieurs individus accomplissent la tâche avec brio. En termes de QI, le raton laveur ferait partie d’une des espèces les plus proches des humains, avec les primates.
Le raton laveur est aussi d’une grande dextérité, grâce à ses pattes qui possèdent chacune cinq doigts/orteils. Cette agilité lui permet autant de grimper que saisir, reconnaître et « décortiquer » sa nourriture. Elles lui permettent aussi de manipuler aisément des objets – comme des couvercles de poubelles – pour atteindre de la nourriture. En plus d’être agiles, ses pattes sont aussi très sensibles, ce qui l’aide à reconnaître son environnement. Le raton laveur tâte les objets et les obstacles pour les examiner.

Coyote (Canis latrans) © Mac Mirabile / WWF-US

Le coyote

Moins fréquemment observé en ville que les écureuils et les pigeons, le coyote fait de plus en plus souvent les manchettes dans les centres urbains, notamment dans la région de Montréal. Alors que la curiosité et l’admiration côtoient l’inquiétude chez les riverains des grands parcs, rétablissons quelques faits.
Le coyote est une espèce qui préfère une diète naturelle et qui ne recherche pas la présence des humains. Au contraire, il s’agit d’une espèce diurne/crépusculaire qui a adapté son activité à la nuit pour éviter les humains. Et sa présence en milieu urbain a de nombreux bénéfices! En tant que prédateur, le coyote peut contrôler d’autres espèces très abondantes en ville : rongeurs (écureuils, rats…), bernaches, ratons-laveurs, cerfs… Les coyotes permettent aussi de contrôler les populations de chats errants, qui sont d’importants prédateurs d’oiseaux – en trop grands nombres, les chats errants peuvent avoir un grave impact sur la diversité des oiseaux en ville. Ce canidé, excellent pour s’adapter à la vie et la nature en ville, contribue à la stabilité de la biodiversité urbaine et à l’équilibre de l’écosystème.

Évidemment, malgré les surprenantes habiletés de ces espèces et leur impressionnante capacité d’adaptation, leurs trop grands nombres peuvent devenir problématiques. En comprenant les raisons de leur présence, il est cependant possible de vivre en harmonie avec ces espèces avec qui nous partageons un environnement urbain. On peut éviter bien des tracas en ne laissant pas de nourriture (comme d’appétissantes poubelles ou encore des gâteries pour chats!) à l’extérieur de la maison, par exemple. Au-delà de nos petites habitudes, rappelons-nous que la présence de ces espèces résulte d’un déséquilibre dans les écosystèmes. Protégeons nos espaces naturels et nous nous assurerons ainsi qu’il y aura assez de place pour toutes les espèces, l’humain compris!