La petite grenouille menacée qui fait le printemps

Pour plusieurs, c’est le retour des oiseaux migrateurs qui annonce le printemps. Mais pour nous au WWF-Canada, ici dans le sud du Québec, c’est un petit amphibien d’à peine 2 à 4 cm qui lance le bal.

Son chant particulièrement caractéristique s’apparente tellement aux stridulations d’un grillon que cette anoure en porte d’ailleurs le nom : rainette faux-grillon de l’Ouest.

Rainette faux-grillon © Lyne Bouthillier
Une rainette faux-grillon dans son habitat © Lyne Bouthillier

Mais outre sa très petite taille et son chant, la rainette se distingue tristement en raison de son statut. Au niveau provincial, Québec lui accorde le statut d’espèce vulnérable, alors qu’au niveau fédéral, la population des Grands Lacs/Saint-Laurent et du Bouclier canadien est considérée comme étant menacée.

Quand une petite grenouille et des développeurs convoitent les mêmes terrains

La principale menace qui pèse sur la rainette, qui a le malheur de convoiter des lieux qui sont aussi fortement prisés par les humains, est la destruction de son habitat. Sur la Rive-Sud de Montréal tout particulièrement, l’étalement et le développement urbains causent un rétrécissement de son habitat de prédilection : les milieux humides.

Ces marais, friches humides, marécages, champs et clairières où l’on retrouve à la fois des plans d’eau et de la végétation offrent à la rainette le meilleur de deux mondes : des plans d’eau peu profonds essentiels en période de reproduction et des milieux terrestres où elle se nourrit, se repose et hiberne.

L’un des milieux de vie de la rainette faux-grillon de l’Ouest, sur la Rive-Sud de Montréal © Steve Hamel / WWF-Canada

La rainette comme emblème des milieux humides

On dit de la rainette faux-grillon de l’Ouest qu’elle est une espèce parapluie. Ainsi, lorsqu’on parle de protéger la rainette, on parle de la protection de son habitat.

En travaillant à conserver les milieux humides en bonne santé, on favorise aussi de nombreuses autres espèces telle que la bécasse d’Amérique, qui comme la rainette a besoin de milieux humides ouverts en période de séduction d’une partenaire et des boisés pour la nidification, l’alimentation et la migration.

Des oeufs de bécasse d’Amérique © Steve Hamel / WWF-Canada

Si les milieux humides ont parfois mauvaise réputation, ce sont des écosystèmes exceptionnellement riches qui nous rendent de grands services écologiques.

En plus d’offrir un habitat à de nombreuses espèces de la faune et de la flore, autant terrestres qu’aquatiques, ils filtrent les polluants et les sédiments présents dans l’eau, créent une protection naturelle en tant que zone tampon et, en retenant de grands surplus d’eau, sont aussi des régulateurs naturels qui permettent de diminuer les risques d’inondation et d’érosion des rives.

Que fait le WWF-Canada pour la rainette?

En plus de faire partie de l’Équipe de rétablissement de la rainette faux-grillon de l’Ouest, un groupe d’expert.e.s piloté par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, le WWF-Canada travaille à valoriser et protéger l’habitat de la rainette, ces fameux milieux humides.

  • En proposant des outils pour améliorer la résilience climatique, en promouvant et travaillant à la mise en place de projets d’infrastructures vertes et bleues tels que Bleue Montréal et le Centre recherche-action Résilience bleue. Le tout accompagné d’une stratégie de communications des risques liés aux dérèglements climatiques en milieu urbain adressée au grand public.
  • En travaillant à la protection des milieux naturels du sud du Québec, une région identifiée prioritaire par le WWF-Canada dans notre rapport de 2019 sur la protection du territoire. Les territoires situés près du fleuve Saint-Laurent, où réside la rainette menacée, sont une priorité en raison du chevauchement de quatre éléments clés : la grande quantité de carbone dans le sol, la biomasse forestière, les refuges climatiques et le nombre élevé de populations d’espèces en péril.  En protégeant les milieux naturels de cette région, nous favoriserons la biodiversité et réduirons les impacts des dérèglements climatiques.
Les milieux humides sont idéaux pour la rainette : plans d’eau peu profonds pour sa période de reproduction et milieux terrestres pour se nourrir, se reposer et hiberner. © Steve Hamel / WWF-Canada